Rabelais - "la substantifique moëlle"
Rabelais, "qui c'est ça?" tu te demandes! Eh ben, François Rabelais etait un vieux mec du XVIe siècle qui a été le tout premier auteur à écrire des romans en FRANÇAIS! (Auparavant, tout le monde écrivait en latin.) Ou, au moins, je le crois, sinon, il était le premier qui était vraiment important. Il a écrit 5 gros romans qui s'appelait Gargantua, Pantagruel, le Tiers livre, le Quart livre, et le Cinquième livre (vers la fin les titres sont moins originaux hein?) Le premier (qu'il a écrit après le deuxième en fait) parle de Gargantua (évidément), le fils de Grandgosier. Le deuxième parle de Pantagruel, le fils de Gargantua. Le trois derniers parle des aventures de Pantagruel et de son ami Panurge qui cherchent "la dive bouteille". En gros, c'est super bon, il critique toutes les institutions de l'époque, tous les personnages boivent comme des trous, et ça parle sans cesse du cul :)
Voilà, maintenant à la suite de ce court résumé, les textes suivants s'expliqueront mieux j'espère. En tout cas, le but de cette page est d'expliquer le métaphore rabelaisien que j'emploie pour ma page web. J'ai pris le nom de Pantagruel, celui qui a tout alteré le monde (féminisé par moi bien sur) et ma page d'entrée est "l'os" qui enveloppe "ma substantifique moelle". Je cite plus bas des extraits qui mettent en contexte ces mots et ces noms. Malheureusement, les textes sont en vieux français puisque j'ai pas encore eu le temps pour scanner les versions modernisées. Ça s'en vient peut-être à un moment donné mais demande-moi pas quand.
Une dernière chose à noter. Parfois sur mon site j'écris "moelle" avec des accents, c'est-à-dire "moëlle". Je sais bien qu'il ne faut pas l'écrire de cette façon, mais je le trouve plus beau, ça se pronounce comme ça de toute façon, puis c'est pas souvent que j'ai le plaisir de démontrer au monde que je sais où se trouve cet accent-là sur le clavier. Je l'utilse puis je l'aime; peut-être que je réussirai un jour à le faire changer dans Le Petit Robert :)
"Substantifique moëlle" Texte original: Gargantua - Prologue de l'auteur
Crochetastes vo' oncques bouteilles? Caisgne. Redvisez à memoire la contenence qu'aviez. Mais veistez vo' oncques chien rencontrant quelque os medullare? C'est comme dict Platon li. 2 de rep. la beste du monde plus philosophe. Si veu l'avez: vo' avez peu noter de quelle devotion il le guette: de quel soing il le guarde: de quel ferveur il le tient: de quelle prudence il l'entomne: de quelle affection il le brise: et de quelle diligence il le sugce. Qui l'induict à ce faire? Quel est l'espoir de son estude? quel bien y pretend il? Rien plus qu'un peu de mouelle. Vray est que ce peu, plus est delicieux que le beaucoup de toutes aultres pour ce que la mouelle est aliment elabouré à perfection de nature, comme dict Galen 3. facu. natural. & 11. de usu particu. A l'exemple d'icelluy vo' convient estre saiges pour fleurer sentir & estimer ces beaux livres de haulte gresse, legiers au prochaz: & hardiz à la rencontre. Puis pour curieuse leczon, & meditation frequente rompre l'os, & sugcer la substantificque mouelle. C'est à dire: ce que ientends par ces symboles Pythagoricques, avecques espoir certain d'estre faictz escors & preux à ladicte lecture. Car en icelle bien aultre goust trouverez, & doctrine plus absconce que vous revelera de tresaultz sacremens & mystères horrificques, tant en ce que concerne nostre religion, que aussi l'estat politicq & vie oeconomicque. Croiez en vostre foy qu'oncques Homere escrivent l'Iliade & Odyssée, pensast es allegories, lesquelles de luy ont beluté Plutarche, Heraclides Ponticq, Eustatie, & Phornute: & ce que d'iceulx Politian a desrobé? Si le croiez: vo' n'aprochez ne de pieds ne de mains à mon opinion: qui decrete icelles aussi peu avoir esté songeez d'Homere, que d'Ovide en ses metamorphoses, les sacremens d'evangile: lesquelz un frère Lubin vray croquelardon s'est efforcé desmontrer, si d'adventure il rencontroit gens aussi folz que luy: & (comme dict le proverbe) couvercle digne du chaudron. Si ne le croiez: quelle cause est, pourquoy autant n'en ferez de ces ioyeuses et nouvelles chronicques? Combien que les dictant n'y pensasse en plus que vo' qui paradventure beviez comme moy. Car à la composition de ce livre seigneurial, ie ne perdys ny emploiay oncques plus ny aultre temps, que celluy qui estoit estably à prendre ma refection corporelle: sçavoir est, beuvant et mangeant. Aussi est ce la iuste heure, d'escrire ces haultes matières et sciences profundes. Comme bien faire sçavoit Homere paragon de tous philologes, et Ennie père des poëtes latins, ainsi que tesmoigne Horate, quoy qu'un malautru ait dict, que ses carmes sentoyent plus le vin que l'huile, Autant en dist un Tirelupin de mes livres, mais bren pour luy. L'odeur du vin ô combien plus est friant/ riant/ priant/ plus celeste, & delicieux que d'huile.
"Pantagruel" Texte original: Pantagruel - Chapitre ii
Et par ce qu'en ce propre iour nasquit Pantagruel, son pere luy imposa tel nom: car Panta en Grec vault autant à dire comme tout: & Gruel en langue hagarene vault autant comme alteré, voulant inferer qu'à l'heure de sa nativité le monde estoit tout alteré. Et voyant en esperit de prophetie qu'il seroit quelque iour dominateur des alterez. Ce que luy fut monstré à celle heure mesmes par aultre signe plus evident. Car alors que sa mere Badebec enfantoit, & que les sages femmes attendoient pour le recepvoir, issirent premier de son ventre soixante & huyt tregeniers chascun tirant par le licol ung mulet tout chargé de sel: apres lesquels sortirent neuf dromadaires chargez de iambons & langues de boeuf fumées: sept chameaulx chargez d'anguillettes: puis vingt et cinq charrettes de porreaulx, d'aulx, d'oignons, & de cibots: ce qui espoventa bien lesdictes saiges femmes, mais les aucunes d'entre elles disoient: Voicy bonne punition: cecy n'est que bon signe: ce sont agueillons de vin. Et comme elles caquettoient de ses menuz propos entre elles, voicy sortir Pantagruel tout velu comme ung Ours, dont dit une d'elles en esperit propheticque, Il est né à tout le poil, il fera choses merveilleuses: et s'il vit, il aura de l'eage.
"Gargantua" Texte original: Gargantua - Chapitre vi
Le bonhomme Grantgousier beuvant, et se rigollant avecques les aultres entendit le cris horrible que son filz avoit faict entrant en lumière de ce monde, quand il brasmoit demandant à boyre/ à boyre/ à boyre/ dont il dist, que grant tu as, supple le gousier. Ce que oyans les assistans, dirent que vrayment il debvoit avoir par ce le nom Gargantua, puis que telle avoyt esté la première parole de son père à sa nativité, à l'imitation et exemple des anciens Hebreux. A quoy fut condescendu par icelluy, & pleut tresbien à sa mère. Et pour l'appaiser, luy donnèrent à boyre à tirelarigot, et feut porté sus les fonts, et là baptisé, comme est la coustume des bons christians.
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